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Europe : Quelles tendances pour la mobilité en 2023 ?

Le premier mois de 2023 vient d’à peine s’écouler… Le moment opportun pour nous de vous dévoiler notre décryptage des tendances mobilité qui marqueront l’Europe cette année. Et au vu des évolutions se profilant fin 2022, 2023 réserve son lot de surprise. Super-App de Voyage, #tågskryt, crédit mobilité,… Zoom sur ces 6 tendances en Europe dans le secteur de la mobilité

Les Super Apps de voyage, le nouvel eldorado

On ne vous les présente plus. Du leader WeChat avec ses 1,24 milliard d’utilisateurs actifs mensuels à l’annonce de Microsoft récemment, les Super Apps sont devenues le but de nombreuses entreprises. Bien qu’initialement caractérisé par la mise à disposition sur une seule et même application d’une myriade de services axée autour du paiement, la révolution des Super Apps est loin d’être une simple opportunité pour les acteurs FinTech. 

En effet, de plus en plus d’acteurs de la mobilité se lancent sur ce créneau en se positionnant sur le créneau de Super App de voyage.  C’est notamment le cas du leader Uber, de la compagnie aérienne Air Asia ou encore l’application Dōcō de la compagnie ferroviaire espagnole Renfe. Trois candidats établis sur la voie des Super App du voyage, dont nous vous avions consacré des articles. 

Leurs points communs… Trois acteurs de la mobilité établis nationalement, voire internationalement. Ayant comme particularité d’avoir comme cœur de métier un mode de transport fortement emprunté dans le cadre de déplacements “loisirs”. 

Initialement monomodale, elles se sont aujourd’hui diversifiées. Comment ? En proposant sur une seule et même application différents services avec comme but de couvrir tous les besoins du voyageur tout au long de leur séjour.  Et pour y parvenir, cela passe par l’intégration de services de transports complémentaires, de livraison, d’hébergement, de divertissement ou encore financiers. 

Forte à parier que ce virage devrait également fortement inspirer des acteurs tels que SNCF ou FreeNow. Sachant que pour rappel, ce dernier se revendique déjà comme une Super App de mobilité…

Tågskryt, l’héritier du flygskam

Vous avez très certainement déjà entendu parler du flygskam… Ce terme d’origine suédoise désignant le sentiment de culpabilité ressenti par certaine personne à l’idée de prendre l’avion. Eh bien, nous voici à présent dans l’ère du tågskryt, traduit en anglais par Train-bragging ! Un néologisme, de nouveau, crée par les Suédois. Jamais à court d’idée, celui-ci renvoie à la fierté de prendre le train. Hashtag passager ou réel bouleversement social ? Il semble que ce phénomène ait pris de plus en plus d’ampleur sur les réseaux.

Une émergence qui fut sans nul doute accentué par les préoccupations liées à l’urgence climatique. Un courant de pensée qui est d’ores et déjà en pleine mutation. Au point que de nombreuses initiatives aient été déjà amorcées, voire lancées cette année par certains États et compagnies ferroviaires européennes.

  • En Allemagne, avec le lancement du ticket de transport universel à 9€ par le gouvernement, pendant la période estivale 2022. Un succès qui fut retentissant au-delà des espérances. Au point que l’opération fut reconduite par l’état allemand avec la création du Deutschlandticket. Un nouveau ticket universel à moins de 50€ par mois.
  • En Espagne, la Renfe s’était distinguée en instaurant la gratuité sur certains de ces trains de début septembre au 31 décembre 2022. Une opération incitative lancée à l’initiative pour palier à l’inflation. Sachant qu’elle paraîtrait bien partie pour être reconduite sur toute l’année 2023.
  • En France, c’est la récente adoption le mois dernier par la Commission Européenne de l’interdiction de vols intérieurs pour tout trajet en train de moins de deux heures et demie est possible.  Une décision prenant effet sur le territoire français, accompagnée d’une période d’évaluation de 3 ans. Un sujet sur le tapis depuis la Loi Climat 2021 et accentuée par la polémique en septembre dernier du char à voile
  • Et enfin, le retour en force des lignes des trains de nuit dans toute l’Europe. En effet, d’ici fin 2025, 33 nouveaux trains nocturnes autrichiens Nightjet ÖBB relieront la Suisse avec SBB, l’Italie avec Trenitalia, la France avec la SNCF ou encore les Pays-Bas avec NS.

La mobilité intégrée au quotidien

Se rendre au travail, chez le médecin, au restaurant, faire ses courses, retrouver sa famille, ses amis… Tous ces déplacements du quotidien ne sont pas toujours accessibles pour tous. 

En effet, dans l’une de nos infographies, nous vous démontrons que la mobilité représentait pour certain plus qu’un simple frein, mais un véritable facteur d’exclusion. En effet, plus d’un tiers des Français affirment repousser, voire renoncer à faire un loisir ou une sortie culturelle (41%), à se rendre à une visite médicale (30%) ou encore à faire leurs courses alimentaires (26%).

Des chiffres aberrants démontrant aujourd’hui de l’importance de l’intégration de la mobilité au quotidien. Imaginez, au moment de régler votre Click & Collect, votre supermarché préféré vous propose de réserver un véhicule en autopartage ou encore acheter votre ticket de bus. Différentes alternatives de transport qui pourraient être intégré sur des applications telles que Doctolib, the Fork,…  Et pourquoi pas sur des bornes digitales situées à l’entrée de zone de chalandise, à l’instar des centres commerciaux.

Une multitude de cas d’usage rendue possibles grâce à des solutions telles que Lyko. Une suite d’outils technologique permettant l’intégrer sur n’importe quel plateforme, la planification, la réservation et le paiement de plus de 3000 opérateurs de transports dans le monde. Et ce, sans aucune redirection sur un site ou une application tierce. 

Le crédit mobilité, le chouchou des entreprises

Qui aurait parié un jour que la traditionnelle voiture de fonction ne soit plus un avantage salarial. En effet, fin octobre, nous vous partagions les résultats d’une étude menée par FreeNow. Un sondage attestant que plus de ¾ des habitants des grandes villes françaises étaient favorables à l’instauration d’un crédit mobilité. Ou encore, que plus de la moitié des voyageurs professionnels privilégieraient le crédit mobilité à leur voiture de fonction.

Pour rappel, à la différence du Forfait Mobilités Durables instauré en France, le Crédit Mobilité consiste en un budget annuel alloué en complément de l’abandon partiel ou intégrale de la voiture de fonction. Une compensation financière comprise entre 3 000 et 10 000 euros par an. Un montant certes considérable commençant à être de plus en plus privilégié par les salariés. 

Une demande croissante auprès des entreprises encourageant certains loueurs de véhicule ou fournisseurs de flottes de se positionner sur cette brèche. C’est notamment le cas de la société de leasing ALD Automotive, en mai dernier. Ou encore, en décembre dernier avce le loueur Toosla. Créée en 2016, elle est d’ores et déjà cotée en bourse depuis plus d’un an. 

Un pivotement stratégique qui ne tient pas du hasard… En effet, lors de l’annonce de la sortie de l’offre ALD Move, la filiale de Société Générale a attesté que la location longue durée et la gestion de flotte automobile “intéressait en moyenne moins de 10% des salariés des entreprises.” 

La mesure précise et en temps réel de GES

Faisant partie intégrante de notre quotidien, les applications de navigation font aujourd’hui partie des applications les plus utilisés. Et pourtant, l’année 2022 fut pour elle une véritable remise en question. La cause ? La publication d’un décret en août, les obligeant “d’informer davantage “les usagers sur l’impact négatif de leurs trajets sur l’environnement et poser des trajets moins polluants et des alternatives plus écologiques à la voiture”.

Et ce, à travers l’affichage de messages de sensibilisation. Parmi ces messages, cela inclut l’estimation de la quantité de gaz à effet de serre pour chacun des modes de transport.  Une révolution pour des applications telles que Waze, Google Maps, Apple Plans, Citymapper ou encore les applications MaaS, pour qui très peu d’entre elles proposent la classification de trajets éco-friendly. 

La raison ? Bien que les émissions soient quantifiables, il reste à ce jour difficile de mesurer avec exactitude et en temps réel l’empreinte carbone. En effet, cet indicateur crucial repose sur des données tracées souvent très approximatives. 

Une problématique sur laquelle s’est penchée certaines startups. C’est notamment le cas de Moovance, la GreenTech française, dont nous vous faisions l’éloge dans notre article consacré au CES. Ou encore Everimpact, fondée par d’anciens dirigeants de l’ONU.  

Cette jeune pépite de Climate tech, “aide les villes et les entreprises à mesurer avec précision leurs émissions de carbone à identifier les opportunités de réduction des émissions et à financer les investissements nécessaires via les marchés du carbone.” Une mesure en temps réel rendue possible grâce à des données issues de satellites, de capteurs au sol et d’IA. Une technologie au service de la transition écologique qui a séduit des VC au point de clôturer un tour de table “Seed” de 1,7 million d’euros. 

Stations de recharge: “Bornes” to be alive

Que l’on soit réticent ou pas, il faut bien l’avouer que les véhicules électriques ont clairement le vent en poupe. Et pour le prouver, rien que mieux que des chiffres ! Rien que du côté de l’Hexagone qui vient d’atteindre le cap du million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation en octobre dernier, selon l’AVERE (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique). Ou encore du côté de nos voisins allemands et anglais, où plus d’un tiers des voitures neuves vendues en décembre dernier étaient des véhicules électriques ! 

Un engouement pour une mobilité décarbonée certes encourageant, mais qui présente encore quelques obstacles à une adoption totale. Et parmi eux, nous retrouvons la recharge. En effet, d’après un sondage OpinionWay pour Electra, pour plus d’un tiers des Français, le manque de points de charge représente un véritable frein. Une contrainte également observée pour les propriétaires de véhicules électriques. En effet, plus d’un propriétaire sur 2, “se dit insatisfait des bornes de recharge, notamment en raison du manque de bornes en France et de leur faible puissance, selon l’AVERE”.

Un constat pris en compte par le Gouvernement Français. Notamment à travers un décret contraignant l’ensemble des concessionnaires d’autoroutes d’installer une station de recharge sur toutes les aires de service avant le 1er janvier 2023. 

Un développement qui semble prolifique sur l’ensemble du paysage urbain, allant des parkings aux voiries, en passant par des copropriétés… Au point que le Gouvernement vient d’annoncer la mise en place prochainement d’une aide au financement de nouvelles bornes rapides dans les zones rurales. Un enjeu par ailleurs saisi par de nombreuses entreprises, se lançant dans la course du déploiement massif de bornes de recharges rapides. Une ambition attirant par la même occasion un grand nombre d’investisseurs. Parmi les pépites à suivre, nous retrouvons : 

  • Electra, lancée en 2021. Une startup française qui a levé 15 millions en Seed l’année de son lancement, puis en juin dernier, 160 millions d’euros, aux côtés de Eurazeo, SNCF (574 Invest) ou encore RATP Group.
  • Zeplug, crée en 2014 qui a levé 240 millions en septembre dernier auprès du fonds britannique ICG Infra.
  • Bump, lancée en 2021 qui a bouclé un tour de table en série A de 180 millions d’euros en série 1, au côté de DIF Capital Partner.

Trois startups ayant comme objectif commun de conquérir le continent européen. Un marché qui devrait voir attirer de plus en plus de géants de l’énergie, si ce n’est pas déjà fait…