Après plus de quatre ans d’absence, le Salon du Bourget a fait son grand retour la semaine dernière. Pour cette 54ème édition, la grande messe internationale du secteur de l’aéronautique a tenu à mettre l’accent sur la décarbonation du transport aérien. Responsable de 5% à 6% du réchauffement global, le secteur aéronautique ne cesse d’être pointé du doigt. Une problématique majeure largement abordée au Salon du Bourget, avec au programme, un florilège de nouvelles solutions et annonces spectaculaires. De la production de biocarburants beaucoup moins polluants à la modernisation de la flotte… Découvrez notre sélection de 5 solutions impressionnantes mises en lumière lors du Salon, s’engageant à contribuer à la quatrième révolution du secteur aérien…
1) L’enveloppe pharaonique en faveur de « l’avion vert du futur »
C’était l’une des annonces les plus marquantes à la veille de l’ouverture du grand salon. En effet, à l’occasion du Salon du Bourget, le président de la République Française, Emmanuel Macron en a profité pour annoncer son plan en faveur de la décarbonation du secteur aérien. A la clé : 8,5 milliards d’euros pour accompagner à la fois les leaders français du marché et leurs sous-traitants. Une aide financière non négligeable, venant s’ajouter aux « 9 milliards déjà promis pour développer la filière de l’hydrogène dans l’Hexagone dans le cadre du plan France 2030. »
En termes de distribution, le média Libération indique que cette nouvelle subvention inclut une première enveloppe de « 300 millions d’euros par an sur la période 2024-2030 pour dynamiser la conception de nouveaux avions et de nouveaux moteurs ». À laquelle s’ajoute « 200 millions d’argents publics et privés alloués au développement de petits avions électriques ou à hydrogène. »
2) « Le premier avion décarboné au monde à entrer en service »
Alors qu’il y a quelques années de ça, Boeing et Airbus éclipsaient un grand nombre d’aéronefs. Pour cette 54e édition du Salon du Bourget, ce sont les avions hybrides électriques qui se sont distingués. Des engins plus économes, capable de réduire de l’ordre de 20% les émissions de C02. Des avions nouvelles générations, totalement décarbonés, pouvant transporter 12 à 19 passagers. Et ce, sur des distances variant de 500 à 1 500 kilomètres.
Parmi les acteurs qui se sont démarqués, nous retrouvons la startup française VoltAero, avec son modèle Cassio 330. Fondé par l’ancien CTO d’Airbus, ces aéronefs pourront transporter 5,6 et 12 passagers. En termes d’autonomie, ils pourront voler jusqu’à 3 heures et demie, à 330 km/heure. Une révolution rendue possible par l’intégration d’un dérivé des moteurs de motos de son récent actionnaire, Kawasaki Motors. Un partenariat leur permettant d’être paré pour un premier vol dès cette fin d’année et de lancer les premières livraisons en 2025.
L’expertise et la capacité d’innovation de Kawasaki en matière de moteurs apporte une nouvelle dimension à VoltAero, alors que nous finalisons le développement de notre groupe motopropulseur électrique-hybride pour la famille d’avions Cassio.
Jean Botti, PDG fondateur de la jeune pousse française.
3) Le plus grand projet aéronautique collaboratif en France
Toujours sur le terrain des avions hybrides, un autre modèle s’est démarqué : l’Eco-Pulse. Un démonstrateur d’avion à propulsion hybride-électrique distribuée, développé conjointement par trois grands noms du secteur. À savoir : Daher, Safran et Airbus. Un consortium ayant pour objectif d’atteindre les objectifs de décarbonation du transport aérien à l’horizon 2050.
À travers ce démonstrateur, Daher entend développer les principes architecturaux clés des avions hybrides de demain. Ce projet nous permet de réaffirmer notre engagement – en tant qu’acteur de l’aviation générale avec notre gamme Kodiak et TBM – en faveur d’une aviation plus écoresponsable et efficiente.
PASCAL LAGUERRE, CTO DE DAHER
Soutenu par la CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile) et de la DGAC, ce démonstrateur permettra d’évaluer facilement les avantages opérationnels d’une telle intégration, notamment en matière de réduction de l’empreinte environnementale des avions commerciaux de demain. Des tests au sol devront être lancés très prochainement, avec comme ambition de lancer un premier vol à propulsion hybride-électrique d’ici à la fin de l’année.
4) « Take Kair », le nouveau projet prometteur de e-carburant
Connu sous l’acronyme SAF, issus de la traduction en anglais “Sustainable Aviation Fuels”, les carburants durables sont aujourd’hui une sérieuse piste explorée dans le secteur. Une solution qui n’a pas manqué d’être mise en lumière lors du Salon du Bourget, avec notamment le lancement du projet « Take Kair ». Un projet des plus innovants, à l’initiative des quatre groupes Holcim, IFPEN, Axens et EDF. Une coopération des plus stratégiques, également soutenue par le groupe Air France -KLM, acheteur mondial de SAF en 2022.
Le développement de filières de production de carburant d’aviation durable est primordial pour réussir la décarbonation du transport aérien. C’est également une formidable opportunité de création d’emplois et de renforcement de l’indépendance énergétique de la France et de l’Europe. Air France-KLM soutient activement les projets qui, comme Take Kair, visent à lever le premier frein à l’utilisation de carburant durable : sa disponibilité.
Fatima Da Gloria de Sousa, VP développement durable du Groupe Air France-KLM
Une volonté ferme de décarboner le marché et anticiper dès maintenant les prochaines mesures imposées par le futur règlement « ReFuel EU Aviation ». Un projet de loi, visant à forcer de mélanger un pourcentage de SAF dans du carburant à base de kérosène. Une obligation sur laquelle planche le consortium et Air France KLM qui espère à horizon 2030 intégrer ce nouveau e-carburant dans au moins 10% de ses vols. Une transition qui leur permettra ainsi de réduire de 30% les émissions de CO2 par passager kilomètre, par rapport à 2019…
5) L’intégration imminente des premières ailes “Albatros”
« Regarde la nature, c’est là qu’est ton futur ! » Une affirmation du célèbre italien Leonard de Vinci qui semble avoir inspiré la branche de recherche du constructeur européen Airbus. En effet, depuis deux ans, Airbus UpNext planche sur un dispositif révolutionnaire, tout droit inspiré du comportement de l’Albatros. À l’instar de l’oiseau marin, ce dernier disposera d’une partie de la voilure, située sur la pointe, rétractables en plein vol.
Comme déclaré par le groupe, “face à une bourrasque, l’albatros peut déverrouiller ses ailes pour mieux naviguer.” Le but est donc d’éviter les turbulences ou les secousses en vol. En s’adaptant aux vents, la résistance en vol est aussi réduite et cela entraîne par conséquent une diminution de la consommation de carburant.” Actuellement en phase de test, Airbus UpNext annonce être capable de réduire de 5 à 10% la consommation du carburant. Une innovation qui pourrait être installée sur la prochaine génération d’avion d’ici à 2035-2040…