Et si on inversait la tendance en rémunérant les automobilistes pour délaisser leurs voitures personnelles ? Telle est la promesse annoncée par ce dispositif unique. Le péage inversé, d’ores-et-déjà adopté aux Pays-Bas, il semblerait que l’idée débarque enfin en France. Et plus précisément sur la Métropole Européenne de Lille (MEL). Zoom sur cette grande première sur l’Hexagone rendue possible grâce à une collaboration prometteuse avec l’un des leaders mondiaux des services de paiement…
Un “écobonus” des plus ingénieux
En perpétuelle quête d’une “meilleure qualité de l’air et accessibilité sur le territoire”, la Métropole Européenne de Lille (MEL) a fait de la congestion l’un de ses combats. Et pour y parvenir, elle a décidé de mettre en place une initiative des plus habiles.
Connu également sous le nom de “péage positif”, il a pour objectif d’encourager les automobilistes à “adopter des comportements vertueux”. Et ce, grâce à une prime de deux euros, versée aux automobilistes, pour chaque trajet évité en heure de pointe. Soit un montant total par mois pouvant aller jusqu’à 80€, d’après la campagne de sensibilisation menée par l’agence dps. Mais pas que… De nombreuses enseignes et commerçants du territoire se sont engagés dans l’opération, en distribuant des bons d’achats en échange de points bonus cumulés sur chaque trajet.
Dans le cadre de la campagne de communication, notre objectif principal était de réussir à véhiculer un message clair et attractif pour promouvoir ce programme qui peut sembler complexe au premier abord ».
Amandine Deberdt, Directrice Conseil chez dps
Parmi les alternatives proposées aux usagers, la Métropole Européenne de Lille suggère d’avoir recours au télétravail, d’opter pour des modes de transport plus durables (transports publics, trottinettes, vélos, marche, covoiturage…) ou encore de décaler leurs horaires de travail. Un programme qui dans un premier temps est testé sur l’A1 et l’A23 deux axes routiers fréquemment congestionnés aux heures de pointe. Une période d’expérimentation qui durera 9 mois, du 4 septembre 2023 au 14 juin 2024. Avec comme objectif d’atteindre une réduction du trafic de 6% entre 7h et 9h et 16h30 et 18h30.
Wordline aux commandes
En charge de la “partie technique et du pilotage global du global”, Wordline a été sélectionnée par la métropole liloise pour mettre en place une véritable solution d’incitation. S’appuyant sur ses technologies de paiement de pointe, elle a été ainsi missionnée pour déployer une application mobile et un site web simple et ludique. Deux plateformes digitales portant le nom de “Changer ça rapporte” et incluant un support.
En complément de nos nombreux projets au service des transports en commun, Worldline accompagne le changement des habitudes des usagers en proposant des alternatives concrètes, durables et en ligne avec l’offre des territoires. Ce projet de la MEL est en phase avec notre volonté de contribuer aux transformations sociétales avec des solutions qui visent à respecter l’environnement.
Aurélien Barbier-Accary, Directeur de Mobility & e-Transactional Services de Worldline France
En quelques clics, les usagers pourront y renseigner le mode de transport utilisé ou encore vérifier le règlement de leur prime. Une vérification s’effectuant grâce à l’envoi de quelques justificatifs et la géolocalisation de leur smartphone au moment de valider leur trajet.
Un franc succès aux Pays-Bas
Lancé en 2010 à Rotterdam, le péage inversé a fait ses preuves. D’après un article publié sur Le Point, le dispositif a été adopté par 40% des 10 000 participants. Toujours financé par les pouvoirs publics de Rotterdam, à hauteur de plusieurs millions d’euros par an, il permet à ce jour d’éviter 4000 trajets par jour.
Rémunérés 3 euros par trajet évité et 3,5 euros crédités sur une carte de transport, les participants reçoivent leur prime du moment où leur plaque d’immatriculation n’a pas été identifiée par un des systèmes de Lecture Automatisée de Plaques d’Immatriculation (LAPI) installés sur les axes routiers. Une vérification permettant à la ville néerlandaise de confirmer d’être parvenue à réduire le trafic aux heures de pointe de 5 à 10%.Il ne reste plus qu’à voir si la Métropole Européenne de Lille parviendra également à ce même résultat…