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Comment les constructeurs peuvent-ils se réinventer grâce au MaaS ?

Petit à petit, les citoyens modifient leurs habitudes de mobilité. En privilégiant les transports partagés et en délaissant graduellement la voiture individuelle. Le besoin de consommer un service est de plus en plus important. La mobilité tend à se consommer comme un service qui aide à se déplacer d’un point A à un point B (le Mobility-as-a-Service) et non plus comme une possession. Face à cette situation, il est devenu primordial pour les acteurs de l’industrie automobile de se réinventer pour voir leur croissance perdurer. Le MaaS pourrait se présenter comme une opportunité à saisir rapidement, pour les constructeurs automobiles. Zoom sur les différents cas d’usages.

État des lieux du marché automobile

Un changement de mentalité qui impacte directement l’industrie automobile

Tout d’abord, d’après l’analyse de Devin Lidell, journaliste de Fast Company, la mobilité est de plus en plus pensée comme un service. Or, en dehors des voitures autonomes, les conducteurs sont acteurs de leurs mobilités. Dans une société où les consommateurs sont souvent préoccupés par leur productivité au travail et leur sommeil, prendre le temps de conduire une voiture pour se déplacer d’un point à un autre est de plus en plus perçu comme chronophage.

Du fait de ces différents facteurs, les voitures sont de plus en plus perçues comme un moyen de transport parmi tant d’autres. Les nouvelles plateformes de mobilité partagée comme BlaBlaCar en sont le résultat. Les citadins n’ont plus la nécessité d’avoir un véhicule pour se déplacer au vu des nombreuses contraintes, d’abord financières (coût des voitures, assurance, entretien, prix du parking) mais aussi matérielles (difficulté pour se garer, trafic souvent congestionné). Il en est de même avec les nouvelles générations, elles préfèrent privilégier l’expérience à la possession.

Des chiffres en baisse

En France

Toutes ces raisons font que le marché automobile mondial est en chute. D’après les chiffres du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). , le secteur automobile a été particulièrement touché, notamment à cause de la crise sanitaire. Le marché automobile français a chuté de 25.5% en 2020, arrivant au même niveau qu’en 1975. Au contraire, la part des voitures hybrides et électriques vendus en France a considérablement augmenté par rapport à 2019, allant jusqu’à 21.5% des immatriculations totales.

Dans le monde

Au niveau mondial, d’autres pays ont également vu leurs ventes de véhicules neufs chuter, à l’instar les États-Unis, pourtant réputés pour l’utilisation excessive de l’automobile. Durement touché par la pandémie, le pays a vu son nombre d’immatriculations de voitures neuves chuter. Cependant, un constructeur automobile a su tirer son épingle du jeu. À savoir Tesla. En effet, le constructeur automobile a réalisé +36% de ventes dans le monde en 2020. L’une des principales raisons est que les acheteurs de ces voitures, sont plutôt aisés. Les tendances économiques globales les ont donc, moins touchés. Par ailleurs, le groupe profite également de l’intérêt grandissant pour les véhicules électriques, secteur dans lequel il domine.

Des mesures gouvernementales qui affaiblissent l’industrie automobile

Au-delà de la pandémie, le marché de l’automobile classique est aussi menacé par les différentes mesures gouvernementales qui ne cessent de croitre. Des pays ont mis en place des objectifs officiels en ce qui concerne la vente de véhicules électriques, à l’instar de la Norvège qui s’est fixée l’objectif de mettre fin aux véhicules à moteurs à combustion d’ici 2025. La France a adopté en 2019 la loi d’Orientation des Mobilités (LOM) avec pour ambition de mettre fin à la vente des moteurs à explosion d’ici 2040. De surcroit, plusieurs villes européennes comme Paris ou Bruxelles souhaitent restreindre l’accès de leurs centres-villes au véhicule en instaurant notamment des ZFE (Zones à Faibles Émissions). En somme, l’industrie automobile doit pouvoir s’adapter rapidement à cette volonté d’une mobilité plus verte, notamment sur le continent européen. Mais alors, comment les constructeurs automobiles peuvent-ils se réinventer pour répondre à ces différents problématiques ?

“Mobility-as-a-Service”, la solution ?

Avec la mobilité qui est de plus en plus vue comme un service, le MaaS permet aux utilisateurs d’optimiser leurs déplacements en choisissant le mode de transport le plus adapté à leurs trajets. Alors qu’on pourrait dans un premier temps penser que ce concept est une menace pour l’industrie automobile, il peut en réalité être une bonne opportunité. À condition que les industriels arrivent à se réinventer rapidement.

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La mobilité partagée

La mobilité partagée semble être un levier important pour les constructeurs automobiles. Alors que pour l’heure, les consommateurs utilisent des véhicules personnels pour la plupart des déplacements, cette vision à tendance à changer. Grâce au développement de l’intermodalité, la mobilité est aujourd’hui plus flexible et le choix du moyen de transport s’effectue en fonction du besoin et du type de déplacement.

La mobilité partagée permettrait alors aux utilisateurs de choisir le véhicule qui correspond à son besoin. Et par conséquent, la possession d’une voiture ne serait plus perçue comme le seul moyen de transport flexible. De ce fait, d’après plusieurs études, les ventes de véhicules partagés représenteront 10% des ventes d’ici 2030 et jusqu’a 33% des ventes d’ici 2050.

La croissance de l’utilisation des services de chauffeurs comme Uber ou Lyft ont en partie, déjà commencé à modifier les comportements des utilisateurs vis-à-vis de leurs véhicules personnels. D’après une étude réalisée aux États-Unis et publié en 2016, 30% des utilisateurs interrogés déclarent moins utiliser leurs voitures pour se rendre au travail. Il est certain que ce chiffre va tendre à augmenter dans les prochaines années.

Par ailleurs, des constructeurs automobiles ont déjà commencé à proposer depuis plusieurs années, des services de mobilité partagée. On retrouve essentiellement des véhicules en libre-service, avec notamment Free2Move, une filiale du groupe PSA.

Intégrer une plateforme de mobilité directement dans les véhicules

Alors que le GPS a connu une explosion à la fin des années 2000, ces boitiers sont de plus en plus délaissés. Ils ont laissé place aux applications de navigation sur le téléphone, telles que Waze ou Google Maps. La grosse différence ? Leurs gratuités et les fonctionnalités supplémentaires qui sont régulièrement ajoutées pour garantir les informations les plus fiables et efficaces pour les conducteurs.

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Pour répondre à cela et éviter de devoir se soumettre à des acteurs gratuits comme Apple ou Google, de plus en plus de constructeurs automobiles intègrent des réelles tablettes connectées à l’intérieur de leurs véhicules, avec la possibilité de télécharger des applications. Tout comme le cas avec son smartphone. On peut notamment citer Volkswagen avec son offre “We Connect” qui permet de connecter son véhicule à son smartphone. Avec son “In-Car Shop” et son “In-Car Apps”, il est possible de télécharger des applications pour l’intégrer à son véhicule directement. En intégrant une offre MaaS directement aux véhicules, les constructeurs automobiles favoriserait une mobilité intermodale. Permettant également de ne plus se contenter de fournir un produit, mais ajouter un service et une expérience en plus.

Développer sa propre offre de mobilité : le cas de BMW et Daimler

C’est dans cette logique que depuis février 2019, BMW et Daimler coopèrent en créant le groupe YOUR NOW, composé de 5 joint-ventures. A savoir :

  • REACH NOW : plateforme MaaS offrant un écosystème à la demande permettant aux utilisateurs de se déplacer de manière multimodale. Elle propose le paiement de titres de transports, l’accès aux vélos et trottinettes électriques, aux véhicules en libre-service ainsi qu’à une flotte de taxis. (6.7 millions d’utilisateurs).
  • FREE NOW : solution proposant des taxis et des chauffeurs privés avec des véhicules de location et des scooters électriques. (21 millions de clients en Europe et en Amérique Latine)
  • SHARE NOW : service d’autopartage en free-floating. Disponible dans 34 villes en Europe et en Amérique du Nord (4 millions de clients)
  • CHARGE NOW : solution pour les bornes de recharge électrique. La solution permet la localisation, l’utilisation et le paiement des bornes de recharge (30 pays)
  • PARK NOW : service permettant de réserver des places de stationnement. Rendant possible l’entrée et la sortie sans ticket dans les garages publics ainsi que le paiement dématérialisé des frais de stationnement. (30 millions de clients)

En proposant ces différentes offres, les deux groupes ont pu se réinventer en utilisant notamment le MaaS, qui peut être une aubaine pour les constructeurs automobiles. Cependant, il faut pour cela coopérer avec les opérateurs publics de transport, qui eux n’ont pas la capacité de développer des solutions de mobilité couvrant l’ensemble des besoins des usagers.

Et si nous imaginions le MaaS pour les constructeurs automobiles de demain…

C’est là où réside toute la complexité du MaaS, réunir sur une seule et même plateforme l’ensemble de l’écosystème de la mobilité. Via des API comme Lyko, déployer des solutions MaaS devient plus simple. Cependant, si tous les industriels de l’automobile souhaitait développer des solutions MaaS, comment les faire coopérer entre-elles ? Une hypothèse envisageable : Faire que les anciens concurrents deviennent des futurs collaborateurs. En effet, les constructeurs automobiles, mais aussi les opérateurs de transports publics ainsi que les acteurs de la mobilité en général, doivent prendre conscience que pour améliorer la mobilité et développer une offre MaaS qui puisse fonctionner, ils doivent travailler conjointement, afin de trouver un intérêt pour tous les acteurs.

Par ailleurs, si nous reprenons le cas de l’offre Free2Move. On peut également se demander si d’un point de vue environnemental, les véhicules partagés auront un réel impact sur la réduction du trafic ? Pour cela, il est important de promouvoir d’autres modes de transport. En intégrant notamment une plateforme intermodale directement depuis les véhicules, pour informer et donner le choix à l’utilisateur d’utiliser le mode de transport le plus optimal pour son trajet. Par exemple, donner la possibilité aux conducteurs de voir directement si garer son véhicule en parc relais pour ensuite prendre les transports en commun, n’est pas plus rapide que de garder sa voiture pour ensuite être coincé dans les bouchons.

Bien entendu, les réponses à ces questions ne sont pour l’instant qu’hypothèses. Nous ne pouvons pas voir à l’heure actuelle, l’impact d’un service MaaS à l’échelle nationale, ce concept étant encore trop récent et peu développé dans de nombreux pays. C’est pour quoi, il est important de multiplier les projets afin de pouvoir constater de réels effets, qu’ils soient négatifs ou positifs, pour proposer la meilleure expérience de mobilité possible.

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