M2050

Bolt in the process of buying out its competitor TIER
3 min

Le géant estonien Bolt en proie de racheter son concurrent TIER

La bataille pour la domination du marché de la micro-mobilité continue de faire rage… Selon le média Sifted, la startup allemande TIER Mobility serait en pourparlers d’acquisition à un stade déjà bien avancé avec son rival européen Bolt. L’accord intervient au milieu d’une vague de consolidation balayant le secteur de la micromobilité, car le capital de croissance reste difficile à trouver et les entreprises chères à gérer…

“Si vous ne pouvez pas les battre, faites vous acheter”

TIER Mobility est l’un des principaux acteurs européens de la micromobilité. Bien implanté sur le marché, il exploite des trottinettes et vélos électriques dans 560 villes à travers le monde. De plus, au fil des ans, il a acquis plusieurs concurrents (dont Nextbike et Spin) et a levé 200 millions de dollars à la fin de l’année 2021. Pourtant, il semblerait que le vent ait tourné pour cette entreprise berlinoise qui connait aujourd’hui des temps difficiles.

En effet, TIER se heurte à un climat politique de plus en plus hostile, vis-à-vis des trottinettes électriques. Début avril, c’est la ville de Paris (l’un des plus grands marchés de TIER Mobility) qui annonçait l’interdiction des trottinettes en libre-service dans la capitale. Plus tôt cette année, TIER a perdu un appel d’offres à Oslo, et a également été exclu de l’appel d’offres de Vienne le mois dernier. Aujourd’hui, TIER Mobility compterait plus de 130 millions de dettes tout en affichant des pertes élevées.

Pour faire face, en mars dernier, TIER a pris des mesures stratégiques essentielles. La start-up allemande a réussi à lever des fonds grâce à une obligation convertible auprès de ses investisseurs existants de confiance tels que Speedinvest, Northzone, Mubadala Capital, Goldman Sachs et SoftBank. En parallèle, TIER Mobility a également annoncé rechercher un acquéreur. Le premier qui s’est positionné à ce sujet est le géant américain Lime. Les deux acteurs de la micromobilité avaient commencé les discussions au sujet d’une éventuelle acquisition, mais celles-ci n’ont pas abouti et sont désormais terminées.

Bolt déjà bien avancé sur le dossier

C’est à présent le géant estonien Bolt, déjà bien établi en tant que fournisseur de services de microbilité, qui serait sur le dossier. En effet, selon Sifted, Bolt “effectue actuellement une diligence raisonnable sur TIER, mais une évaluation n’a pas encore été convenue.” Toutefois, selon cette même source, l’affaire pourrait être conclue d’ici à quelques semaines seulement. Cette acquisition permettrait à Bolt de se développer dans plusieurs zones géographiques clés. Ce serait aussi sa première acquisition dans le secteur de la micromobilité dans certaines zones géographiques comme les Etats-Unis. 

Bolt aurait dit à Sifted qu’il “est sur la bonne voie pour être rentable dans les 12 prochains mois et prévoit une introduction en bourse en 2025.” Bolt et TIER Mobility sont aux coudes à coudes sur plusieurs marchés, mais peu de grands. En effet, Bolt n’a pas d’opérations de micromobilité aux États-Unis mais est présent sur des marchés plus petits où TIER n’opère pas, comme la Géorgie, l’Estonie, la Lituanie et la Roumanie. Une complémentarité qui ne pourra qu’être bénéfique pour le potentiel acquéreur.

Des difficultés majeures pour tous les opérateurs

Finalement, les temps semblent compliqués pour la plupart des acteurs de la micromobilité. Des investisseurs et des opérateurs se seraient confiés à Sifted et affirment que les six prochains mois verront de nombreuses fusions et acquisitions dans le secteur. Aujourd’hui, la concurrence est rude sur ce marché. Quatre acteurs locaux dominent l’Europe. Parmi lesquels on retrouve, TIER, Voi, Dott et Bolt. Deux sociétés américianes, Bird et Lime tirent également leur épingle du jeu. Cependant, il existe aussi de nombreux petits opérateurs locaux, comme Pony en France, Beryl au Royaume-Uni et Ryde dans les pays nordiques. Beaucoup des concurrents de TIER Mobility seraient également en difficulté. Bird, qui était coté à une valorisation de 2,3 milliards de dollars en 2021, a perdu plus de 90 % de sa valeur. De son côté, Voi a vu sa valorisation chuter de 57 % depuis 2021 par son investisseur VNV Global.

Malheureusement, il y a peu de chance que TIER Mobility puisse se vendre pour sa valorisation estimée à 2 milliards d’euros. Rendez-vous dans quelques semaines afin de voir si Bolt est allée au bout de son projet, mais surtout, à quel prix…