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Ces villes espagnoles qui parviennent à réduire le trafic routier

Étant situé à la quatrième place des plus gros pollueurs d’Europe d’après Euractiv, l’Espagne se devait de réagir. Alors que près de 80 % de la pollution atmosphérique est lié au trafic routier, certaines villes en Espagne connaissent jusqu’à trois pics de pollution atmosphérique par an. Un constat les obligeant d’agir, en se fixant comme ligne directrice de réduire le trafic pour améliorer les conditions de vie et environnementales. Découvrez dans cet article, un grand nombre de mesures répressives prises par certaines villes espagnoles afin d’atteindre ces objectifs.

Pontevedra, l’eldorado des piétons

La ville de Pontevedra, située au nord-ouest de l’Espagne, serait l’oasis des piétons. En effet, le maire de la commune espagnole de 83 000 habitants aurait supprimé 90% du trafic automobile. Un comble quand on connaît l’origine de la pollution atmosphérique en Espagne… Mais comment a-t-il fait ?

En 2019, suite à sa prise de fonction, Miguel Anxo Fernández Lores a aperçu que le trafic routier asphyxiait sa ville. Il a donc décidé d’agir, en mettant en place plusieurs mesures :  

-Piétonisation de 2 axes routiers qui étaient très empruntés.
– Suppression de places de stationnement.
-Mise en place de parkings payants, mais aussi de parkings gratuits à l’extérieur de la ville.
-Installation de caméras sur les capots des véhicules des policiers municipaux, afin de veiller à ce que les règles soient bien respectées.

Cette accumulation de règles force les conducteurs à trouver des alternatives à leurs voitures, et ainsi éviter de les utiliser en ville. De plus, il n’y a pas eu un seul mort sur la route depuis 9 ans !

Barcelone, un modèle de réussite

Les Superblocs

En 2017, Barcelone se fixe comme objectif de devenir une ville piétonne, et ainsi réduire considérablement la circulation automobile au cœur de ses quartiers et de ses rues. Pour y arriver, la ville à repenser toute sa mobilité en s’inspirant du plan d’Ildefons Cerdà, plan qui consiste à réformer l’aménagement urbain de la ville et tout cela à travers un modèle appelait « Supermanzanas» (Superblocs en français).

En quoi consiste, ces «Supermanzanas» ? C’est assez simple, le plan consiste à définir un large nombre de quartiers où le trafic sera uniquement disponible pour les résidents et où l’espace priorisera les piétons et les cyclistes. Dans ces “blocs”, la vitesse est limitée à 10 km/h. Ce qui force les conducteurs à se diriger vers une mobilité plus douce. Par ailleurs, ces quartiers seront également aménagés de places et de jardins. À terme, c’est plus de 120 intersections qui devraient voir le jour pour une surface totale de 23 hectares.

Les superblocs sont destinés à mettre un terme à la prédominance de la voiture dans les rues, en affectant l’espace routier aux piétons. Ils conduisent à une baisse du trafic qui va certainement être visible en termes de pollution de l’air ou de bruit.

 Irene Capdevila de l’agence de l’environnement de la ville.
Mais ce n’est pas tout…

Barcelone a par ailleurs lancé en parallèle son plan de mobilité urbaine 2019-2024, plan qui vise à réduire le nombre de véhicules privés d’au moins 21% de 2019 à 2024. Suite à ce plan de nombreuses autres mesures ont été mises en place :

-Tous comme les ZFE en France, il existe une Zone de Basses Émissions (ZBE) qui consiste à interdire aux véhicules les plus polluants de circuler.

-Le développement de l’intermodalité pour permettre aux utilisateurs de se déplacer bien plus facilement.

-Une augmentation du nombre de kilomètres de voies cyclables dans la ville. En effet, la mairie de Barcelone développe de plus en plus le réseau Bicing (système public de vélos en libre-service à Barcelone). Les zones piétonnes et cyclistes estimées à 75 hectares aujourd’hui dans la ville devront à terme passer à 750 hectares, soit une multiplication de dix, c’est énorme !

De plus, ce plan interdit aussi la circulation des poids lourds ayant un PTAC de plus de 7,5 tonnes dans le sens Espagne -> France lors de certains jours fériés du calendrier.

Bilbao, récompensée plus d’une fois…

Avec une population de plus de 345 000 habitants, Bilbao est la plus grande ville du Pays basque. En juin 2018, elle a été la première grande ville du monde à mettre en place une limitation de vitesse de 30 km/h dans certaines zones de la ville. Cette limite de vitesse a été étendue à l’ensemble de la ville en septembre 2020. À titre comparatif, Nice avec un nombre d’habitants similaires se lancera seulement en 2023. Suite à leur réglementation, Bilbao a été récompensée en 2021 par l’Union Européenne pour la sécurité routière urbaine.

Mais ce n’est pas tout ! En effet, la ville investit énormément dans le transport durable depuis plusieurs années. Ce qui leur a valu, en 2019, le titre de la ville la plus engagée d’Espagne en matière de mobilité durable.

Cette même année, Bilbao a également été finaliste de l’Award for Sustainable Urban Mobility Planning dans la 9ᵉ catégorie qui se concentre sur la mobilité zéro émission pour tous et la promotion de stratégies de réduction des émissions et la promotion de transports accessibles et inclusifs.

Madrid, un projet de grande envergure

Suite aux succès de leur projet qui visait à rendre la Gran Via et la rue de Alcalá semi-piétonnes, la mairie de Madrid a décidé d’étendre ce projet à des axes plus importants de la capitale tels que le Paseo de Extremadura. En effet, en 2017, la mairie a prévu de :

-Supprimer une voie de circulation de chaque côté de la route.
-Installer des passages piétons contrôlés par des feux.
-Agrandir les trottoirs.
– Réduire la vitesse maximale de ces routes en passant de 70 à 50 km/h.

La capitale espagnole ne compte pas s’arrêter là, car en 2019, la mairie de Madrid annonce le Projet Madrid 360 un projet qui pourrait bien révolutionner les déplacements à Madrid. Ce projet est mis en place, pour lutter contre la pollution. La mairie n’y est pas allée de main morte en proposant des mesures comme : La ligne Zéro (multiplication du nombre de bus par 10, passant progressivement des 68 actuellement à 668).


De plus, la Direction Générale du Trafic a créé plusieurs vignettes en fonction de la classe du véhicule. À savoir :

  • 0 emisiones : pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables avec plus de 40 km d’autonomie.
  • ECO : pour les véhicules électriques avec moins de 40 km d’autonomie, hybrides, non rechargeables.
  • C : pour les véhicules essence immatriculés à partir de 2006 et diesels à partir de 2014.
  • B : pour les véhicules de tourisme essences immatriculés à partir de janvier 2000 et diesels à partir de janvier 2006.
  • A : pour les véhicules les plus polluants, à essence produite avant 2000 et diesel antérieurs à 2006.

Par ailleurs, les véhicules essence et diesel doivent respecter certaines normes Euro 3, 4, 5, 6. Un projet visant à réduire les espaces de circulation des véhicules les plus polluants. Pour ce faire, des limitations sont progressivement mises en place :

  • 1er janvier 2020, tous les véhicules A sauf ceux des résidents auront l’interdiction de stationner à Madrid.
  • 1er janvier 2022, tous les véhicules A hors résident auront l’interdiction d’accéder et de circuler à l’intérieur d’une zone comprise dans la M-30 (voie circulaire qui a les caractéristiques autoroutières).
  • 2024, aucun véhicule A non résident à Madrid ne pourra circuler dans toute la municipalité. 
  • 2025, plus aucun véhicule A, résident ou non-résident à Madrid, ne pourra se déplacer dans la ville, et les voitures sans vignette ne pourront plus circuler.

Pour aider les habitants, la mairie de Madrid va mettre en place des subventions pour changer de véhicules. Pendant 4 ans, plus de 25 millions d’euros par an seront débloqués pour tout achat d’un véhicule Zero, Eco ou C uniquement. Il y aura également une aide d’environ 5 millions d’euros pour la mise en place de bornes de recharge dans des bureaux ou parkings de résidents.

Les vélos auront également leur carte à jouer. En effet, c’est un des modes de transport les plus propres pour se déplacer et par conséquent la mairie va continuer d’étendre BiciMAD (système de vélos électrique en libre-service à Madrid) à l’intérieur et à l’extérieur de la zone M-30. 

Et enfin, EMT Madrid est en passe de boucler la première application MaaS de Madrid avec leur projet Madrid Mobility 360. Fort à parier que de nombreuses autres mesures verront le jour dans les prochaines années, en attendant, n’hésitez pas à découvrir notre infographie détaillant comment la ville de Lyon est parvenu à réduire près de la moitié de leurs émissions de CO2.