Dans un contexte dans lequel les agglomérations s’étalent et se densifient, la voiture reste le mode de déplacement le plus utilisé… Aujourd’hui, la mobilité apparaît comme un enjeu majeur et une question essentielle subsiste… Comment les territoires peuvent transformer durablement les habitudes de déplacement des usagers vers des modes de transport plus doux ? Pour explorer cette question, nous avons eu le privilège d’interviewer Nicolas Tronchon, le fondateur et PDG de Transway.
Dans cette interview, il nous partage sa vision et son expertise acquises au fil des années. Fort d’une vaste expérience dans le domaine de la mobilité et des technologies de l’information, il a développé une compréhension profonde des mécanismes de changement de comportement et d’engagement des utilisateurs. Sa quête pour encourager l’écomobilité, l’a conduit à fonder, en 2009, Transway. L’idée fondatrice derrière Transway réside dans la nécessité d’offrir plus que de simples informations aux usagers ; mais de les inciter à choisir des modes de transport durables. Au travers de l’expertise pointue de Nicolas Tronchon dans le domaine, cette interview divisée en deux parties explorera les défis, les enjeux et les éléments indispensables pour bouleverser les habitudes de déplacement grâce aux solutions d’incitation…
Pouvez-vous vous présenter et nous présenter Transway ?
Je suis Nicolas Tronchon, le fondateur de Transway, une entreprise créée en 2009. Aujourd’hui, Transway se concentre sur la fourniture de solutions innovantes et d’API destinées à encourager les utilisateurs à adopter des services de mobilité durable. Nos principaux clients sont les autorités organisatrices comme IDFM, Tisseo,etc … , ainsi que les exploitants de services de mobilité comme Keolis, Transdev, SNCF, Velib’ et Smoveandgo. L’idée de base était de stimuler les gens à opter pour des modes de transport plus respectueux… Qu’il s’agisse du tram, du covoiturage, du vélo, ou même de la trottinette… Même si ces dernières n’existaient pas en 2009 ! Pour cela, nous devons non seulement fournir des informations aux voyageurs, mais surtout les inciter à changer leurs habitudes.
Selon vous, quels sont les éléments pour que les solutions d’incitation soient efficaces et réellement adoptées par les citoyens ?
Aujourd’hui, il existe un élément clé pour que l’incentive fonctionne… C’est le déploiement de solutions MaaS (Mobility as a Service). En effet, ces apps MaaS reposent sur trois piliers essentiels : l’information, la dimension communautaire et l’incitation. Ce sont ces trois éléments qui induisent le changement de comportement. Si, en tant qu’utilisateur, nous ne savons pas quand passe le bus, cela ne nous incite pas à l’utiliser. De même, si notre entourage ne partage pas une expérience positive de l’utilisation du bus, cela peut nous dissuader. Enfin, pour vraiment nous inciter à prendre le bus, il faut mettre en place un système d’incitation. Ce dernier va stimuler les usagers, que ce soit par des récompenses financières, des avantages, des récompenses de points, etc. Il est essentiel d’adapter ces incitations aux besoins de chaque usager, qu’elles soient financières, caritatives ou cognitives.
Quels sont les principaux avantages de l’incentive pour l’attractivité d’un territoire ?
L’incentive offre plusieurs avantages pour un territoire. Tout d’abord, elle permet d’encourager les citoyens à adopter des modes de transport plus respectueux de l’environnement à moindre coût. Elle contribue également à équilibrer la répartition des modes de transport, évitant ainsi d’en surcharger d’autres. En distribuant les déplacements de manière uniforme en fonction des heures, des jours et des dates, Transway contribue à fluidifier le trafic. Par exemple, en ciblant seulement les 6% d’usagers qui causent habituellement des embouteillages, nous pouvons résoudre le problème. Et cela de manière beaucoup plus rentable que la construction de nouvelles routes. De plus, l’incentive permet aux territoires de mesurer et de quantifier les réductions d’émissions de carbone. Et cela revêt une grande importance. Enfin, les récompenses proposées sont souvent issues d’acteurs locaux, ce qui favorise des avantages éthiques, locaux et responsables. Le tout en maintenant l’argent dans la communauté.
Selon vous, les villes mettent-elles assez de mesures en place pour optimiser l’écomobilité au sein de leur territoire ?
Actuellement, je dirais que ce n’est pas encore suffisant. Beaucoup de villes ont l’intention d’augmenter le ratio de l’écomobilité. Cependant, pour atteindre ces objectifs, elles doivent mettre les moyens nécessaires. Les moyens doivent être à la hauteur des ambitions. Bien que nous ayons constaté une augmentation des budgets alloués aux projets de mobilité, il reste encore beaucoup à faire. Les dépenses actuelles, même si elles représentent un progrès, restent bien inférieures à ce qui est investi dans d’autres secteurs… Je pense par exemple à l’aviation ou le chemin de fer. Bien que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre soient tout aussi importants. Pourtant, agir sur la mobilité individuelle, responsable de 53 % des émissions de GES en France, est essentiel. En fin de compte, il n’y a pas de secret…
Restez à l’écoute, car la seconde partie de cette interview arrive très bientôt et présentera les défis et les réussites des solutions d’incitation!