Depuis quelques années, de nombreux projets de véhicules autonomes fleurissent dans les villes. Beaucoup ont déjà été mis en expérimentation. Bien que concluant, de nombreux freins ralentissent l’usage banalisé de ces véhicules sans chauffeurs. Pourtant, les véhicules autonomes pourraient répondre à de nombreux problèmes urbains et pourquoi pas sociétales. Zoom sur ce transport qui pourrait révolutionner, ou pas, les transports en commun.
Rendre les transports en commun plus agréables
En 2016, la toute première desserte de transport public par véhicule électrique autonome était en phase d’expérimentation dans la ville de Lyon. Depuis, à Lyon et dans d’autres villes du monde, les navettes autonomes sont mises en expérimentation, la majorité du temps dans des zones piétonnisés. Mais depuis quelque temps, les navettes sont aussi mises à l’essai au milieu des véhicules : c’est le cas dans la zone d’activité de Nantes-Atlantique. En effet, EDF et la Semitan (Société d’économie mixte des transports en commun de l’agglomération nantaise) ont mis en place entre février et mai 2019, une navette autonome mettant en liaison le Technocampus Océan et un restaurant inter-entreprise. Cette navette a parcouru un itinéraire de 2.5km avec une vitesse limitée de 30km/h, bien qu’étant le plus souvent à 18km/h. Capable de transporter 8 passagers assis, elle disposait aussi d’un superviseur chargé de surveiller le bon fonctionnement de la navette.
Résultat de l’expérimentation : la navette doit encore se perfectionner. Sa faible vitesse a créé de fort ralentissement du trafic. Par conséquent, la circulation était moins fluide et a pu créer une accumulation du trafic.
Du côté des utilisateurs, elle n’est utilisé qu’occasionnellement et a modifié les habitudes de déplacements des usagers de manière modérée. Les principaux avantages qui ont été perçus sont : la fiabilité, le silence et la présence d’un superviseur à bord qui donne un sentiment de sécurité. Cependant, pour les non-usagers, la navette est perçue comme trop lente comparé aux modes de transports habituels.
16 expérimentations en France
Annoncé le 24 avril 2019, l’État a accordé sa confiance et une enveloppe de 42 millions d’euros à 16 expérimentations de véhicules autonomes, menés par deux groupements d’entreprise : SAM (Sécurité et acceptabilité de la conduite et de la mobilité autonome) et ENA (Expérimentations de navettes autonomes). Le but ? “avoir un nombre limité de projets ayant une taille suffisante afin de créer et d’exploiter un maximum les synergies entre les cas d’usage pour mutualiser les connaissances”. Ces 16 expérimentations permettront notamment de tester les différentes technologies dans des environnements différents et d’en banaliser l’usage auprès des citoyens.
Pour l’heure, comme le rapporte le baromètre VEDECOM/MACIF, 42% des Français ont l’intention d’essayer une navette autonome dans les années à venir. Néanmoins, seulement 8% des habitants en zones rurales et 16% des habitants en zone urbaine ont déjà vu des navettes autonomes. Le déploiement des navettes autonomes doit donc considérablement augmenté afin de couvrir l’ensemble du territoire. D’autant plus que 70% des Français ont plutôt une attitude positive face à ce mode de transport. Il constitue donc une véritable opportunité pour les acteurs de la mobilité.
Véritable transport de demain ?
Le véhicule autonome étant relativement récent, de nombreux tests vont encore être réalisé dans les prochaines années. De plus, la législation doit changer, car aujourd’hui, la voiture autonome est assurée parce qu’elle dispose d’un superviseur. Mais le but étant de supprimer ce superviseur et d’augmenter la vitesse de ces véhicules (car jugé trop lent), qui payera en cas d’accident mortel ? C’est une question sur laquelle il faudra vite se pencher au cours des prochaines années. Néanmoins, les navettes autonomes s’annoncent comme un bon complément aux transports collectifs. Avec comme objectif de réduire l’utilisation des voitures individuelles, les véhicules autonomes s’adaptent à plusieurs types de zones à desservir.
Les centres-villes
Les villes souhaitant de plus en plus réduire l’usage de la voiture au sein de leur centre, ces navettes autonomes pourrait remplacer certains trajets en transports en commun. En effet, étant difficile de mettre en place de nouvelles lignes de tramways ou de métro, les navettes autonomes pourraient répondre aux besoins des citadins quant à la desserte de certaines zones. De plus, elle pourrait assurer la livraison de certains produits pour limiter les camions de livraisons en centre-ville. Cependant, les navettes ne possédant pas une capacité de passagers énormes, il serait important de revoir la taille de ces dernières ou bien de proposer des services réguliers.
Desservir des zones excentrées
Les navettes autonomes pourraient aussi servir de transport relais, reliant un point A, où peu de transports en commun sont présents à un point B, ayant des services de transports complets. On peut imaginer aussi, des navettes autonomes, à la demande, dans certaines zones résidentielles proches des villes, mais ne disposant pas d’un service de transports en commun satisfaisant.
Les milieux ruraux
L’une des plus grandes problématiques en zone rurale est le manque de transport en commun. Difficile de se déplacer sans utiliser la voiture. Les navettes autonomes pourraient donc répondre à ce problème. Le premier véhicule autonome en milieu rural a par ailleurs été mis en test dans la Drôme. Cependant, de nombreuses questions se soulèvent : comment la navette va-t-elle s’adapter au milieu rural, avec peu de piétons, mais beaucoup d’engins agricoles ? Comment va-t-elle parcourir de longues distances si elle ne peut rouler qu’à une vitesse maximale de 30km/h ? Nous ne pourrons répondre à ces questions que dans quelques années. En attendant, ces navettes autonomes pourront, pourquoi pas, effectuer la livraison des courses ou médicaments, pour éviter l’usage du véhicule qui peut être pénible pour les personnes âgées par exemple.
La desserte interne
On peut imaginer que les navettes autonomes évolueront aussi, dans les grandes zones industrielles, hospitalières, universitaires, aéroportuaires, portuaires ou encore touristiques. Avec un environnement disposant de peu d’obstacles, notamment, car pas de circulation publique, il est très simple de mettre en place des navettes autonomes reliant un point A à un point B au sein même de la zone. Reste donc à voir si le perfectionnement des navettes réussira à convaincre les utilisateurs, encore réticents à l’utilisation des véhicules autonomes et si ces véhicules pourront réellement modifier nos habitudes.