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#2 : Analyses des freins dans la mise en place de solutions d’incitation et des réussites

Après la première partie de notre interview sur “Comment les solutions d’incitation peuvent booster l’écomobilité des villes”, passons à présent à la seconde partie de notre entrevue exclusive avec Nicolas Tronchon, fondateur et CEO de Transway. Notre invité nous livre un aperçu transparent des freins fréquemment rencontrés par les territoires lorsqu’ils abordent l’idée de déployer des solutions d’incitation. Puis, les succès de certaines villes avec lesquels Transway a collaboré pour engager efficacement les citoyens à changer leur façon de se déplacer…

Comment gérer l’équité et l’accessibilité des solutions incitatives ? Y a-t-il des stratégies pour éviter que seuls certains groupes de la population puissent bénéficier de ses avantages ?

Il est important de comprendre que nous ne pouvons malheureusement pas atteindre tout le monde. Notre objectif est de toucher entre 30 et 40 % de la communauté. Cela signifie que 60 % de la communauté ne participera pas au programme d’incitation. En réalité, tout le monde ne réagit pas de la même manière aux incitations. Notre approche vise à engager autant de personnes que possible en offrant divers stimuli. Ces stimuli ne sont pas nécessairement financiers, mais plutôt cognitifs, informatifs ou caritatifs. Le but est de garantir un dispositif équitable et engageant pour l’ensemble de la population. Même en adoptant cette approche, il est normal que certaines personnes ne participent pas.

Il n’est pas question d’âge ni de catégorie socio-professionnelle, car chaque réseau est unique. Il est essentiel de comprendre que nous n’avons pas de solution unique, mais plusieurs réponses adaptées à chaque contexte. Cependant, nous reconnaissons que nous pouvons involontairement exclure certaines populations qui ne sont pas réceptives aux dispositifs d’incitation. Par exemple, une personne à mobilité réduite ne peut pas utiliser un vélo.

Selon vous, quels sont les principaux freins auxquels les collectivités peuvent être confrontées dans la mise en place de solutions incitatives hormis un manque de budget ?

Le gouvernement joue un rôle majeur en initiant, impulsant et soutenant la mise en place de telles solutions. Il doit également définir des critères importants, en veillant à ce que la politique serve réellement l’objectif visé. Dans l’ensemble, nous avons constaté que le gouvernement a pris des mesures importantes dans notre secteur. Notamment en promulguant des lois, des décrets et en augmentant certains budgets. Nous avons assisté à des initiatives législatives réelles, ce qui ne s’était pas produit au cours des 30 dernières années. Bien sûr, il reste à voir si ces engagements seront à la hauteur des enjeux climatiques et si les ressources seront disponibles. L’avenir nous le dira.

Un autre obstacle potentiel est la multiplicité des acteurs impliqués dans le projet, tels que les annonceurs locaux, les commerçants, les associations, etc. Cela peut sembler être un défi pour le réseau, mais nous avons l’expérience nécessaire pour gérer efficacement ces aspects. Enfin, la connexion des données de transport d’un opérateur peut être perçue comme un obstacle par les autorités de transport. En effet, cela nécessite une coordination très précise. Cependant, nous avons des solutions spécifiques pour surmonter ces défis.

Quel est le rôle des gouvernements dans la mise en place de solutions incitatives sur un territoire ?

Le gouvernement joue un rôle majeur. Il doit être à l’initiative, à l’impulsion, au soutien dans la mise en place de ce type de solution. C’est-à-dire l’effet de manche de politique ne sert à rien à partir du moment où il ne sert pas l’objectif. Moi, je suis plutôt quelqu’un d’optimiste et quelqu’un de bienveillant. Et objectivement, ce que je dis c’est sans parti pris, on a plutôt un gouvernement qui a mené des actions dans notre secteur. On a eu des lois, des décrets, des actions concrètes, certains budgets ont augmenté… Je n’avais jamais vu dans les mandats précédents des décrets de mobilité depuis les derniers sur la loi sur l’égalité des chances et la loi sur le handicap de 2005… 

Sur une période d’un an, quelles mesures d’incitation peuvent être mises en place pour booster et impacter efficacement l’attractivité d’un territoire ?

Le déploiement d’un projet Transway prend généralement entre 3 et 4 mois. Une fois mis en œuvre, nous commençons à collecter les premiers indicateurs six mois plus tard. C’est un processus relativement simple. Par exemple, si la ville de Marseille souhaite mettre en place des solutions d’incitation pour modifier les habitudes de déplacement de ses habitants, il nous faudrait environ 3 à 4 mois pour intégrer notre système au réseau existant. Ensuite, avec les ressources appropriées, nous sommes en mesure de mesurer l’impact après six mois. En résumé, en un an

À l’échelle internationale, y’a-t-il un exemple de réussite qui vous inspire ?

Eh bien, un projet qui nous a particulièrement marqués est le programme de péage positif de Rotterdam. Dans ce cas, l’idée était d’offrir aux usagers 2€ le matin et 2€ le soir pour les inciter à changer leurs habitudes de déplacement, et cela a fonctionné de manière impressionnante. À noter que Transway a entrepris un projet similaire en collaboration avec la métropole de Lille, baptisé “Changez, ça rapporte”. Dans ces deux initiatives, l’investissement initial était à la hauteur des objectifs fixés, ce qui explique en grande partie leur succès. Il n’y a pas de secret…

Cette entrevue avec Nicolas Tronchon nous a offert un éclairage profond et perspicace sur les mécanismes des solutions d’incitation en faveur de l’écomobilité. Alors que nous clôturons cette discussion enrichissante, nous sommes encouragés à explorer davantage les voies de la mobilité responsable… Nous nous retrouvons très vite pour une nouvelle interview d’expert…