Transports en commun, SNCF, ambulanciers, transporteurs routiers, pompiers, taxis… Le 5 décembre prochain la grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites devrait être très suivie. En effet l’inquiétude se fait grandissante à l’approche de ce «jeudi noir». Les syndicats appellent même à une grève reconductible qui pourrait durer jusqu’aux fêtes de fin d’année, si le gouvernement ne fléchit pas face aux revendications des grévistes. Par ce mouvement d’ampleur nationale , certains secteurs pourraient profiter de ce jeudi noir pour battre des records. Découvrez dès maintenant quels services de transports seront immobilisés et lesquels opter pour vous déplacer.
Le domaine des transports grandement bouleversé par la grève
Les transports en commun
Sur l’Île-de-France
La RATP a pris la décision de fermer 11 lignes de métro. Le trafic des RER A et B sera partiellement assuré et uniquement aux heures de pointe. De plus des bus devraient garantir la liaison entre Paris et la banlieue. En outre les syndicats de la RATP incitent tous les acteurs des transports publics urbains mais aussi ceux du secteur privé à se mobiliser. Ainsi le mouvement devrait s’étendre aux transports routiers de marchandises, plateformes de logistique, transports de fonds et autoroutes. Un appel à la grève qui concerne également les ambulanciers, les déménageurs ou les taxis.
Sur Lyon
Concernant le réseau TCL à Lyon, des préavis de grève courent sans cesse au sein de Keolis. Le début du mouvement de contestation coïncide avec celui de la Fête des lumières. TCL avait initialement prévu de mobiliser 2000 agents pour cette fête et de renforcer ces lignes de tramway, de métro et de bus. C’est pour cette raison que le réseau TCL a décidé de ne pas impacter les lignes de métros (A, B, C et D), tramways (T1, T2, T3, T4, T5 et T6) et funiculaires (F1 et F2). Toutefois, dix lignes de bus seront totalement interrompues : C15E, 17, 34, S2, S4, S9, S11, S12, S15 et N1. Certaines verront leur fréquence diminuée. À savoir, les bus C7, C11, C16, C17, C26, 2, 5, 6, 8, 14, 15, 16, 18, 20, 21, 22, 24, 33, 35, 37, 39, 45, 52, 54, 55, 57, 60, 62, 63, 65, 66, 67, 68, 77, 85, 86, 87, 88, 90, 93, 95, 98, S1 et S6. Les horaires sont en ligne depuis ce matin sur le site de TCL.
La SNCF
Du côté de la SNCF, les perturbations débuteront la veille au soir à partir de 22h. La direction de la SNCF annonce un trafic extrêmement perturbé pour la journée de grève de jeudi, avec 1 TGV sur 10 et 1 TER sur 5 en circulation. Par exemple sur Paris – Lyon, sur 11 aller-retours seulement 3 seront assurés. Elle a d’ailleurs suspendu la possibilité de réserver des trajets sur son site ou via son application du 5 au 8 décembre au moins. Elle recommande notamment aux voyageurs d’annuler ou reporter leurs déplacements.
Les transports aériens et aéroportuaires
Enfin, du côté des transports aériens, un mouvement social des personnels aériens au sol est également à prévoir ! Interrogé le 29 novembre 2019 sur Radio Classique, le PDG du groupe Aéroports De Paris (ADP) Augustin de Romanet a déclaré que « ni au sein des compagnies aériennes ni au sein des aéroports, des mouvements de grève importants ne sont à anticiper ». Il estime ainsi que 80% des vols devraient être assurés le 5 décembre dans les aéroports parisiens, tout en prévenant que des arrêts de travail dans le contrôle aérien pourraient entraîner « des abattements de trafic » de jeudi à dimanche.
Ce jeudi noir, l’accès aux aéroports sera difficile en raison de la quasi-indisponibilité des transports en commun. Le RER B qui dessert notamment Paris-Charles de Gaulle ne sera pas en service. Quant au bus direct qui relie les deux aéroports depuis plusieurs arrêts à Paris il est indiqué sur son site que ses « services resteraient inchangés les jours de grève, mais que des perturbations de circulation seraient possibles ».
Pour ce qui est des remboursements, il vous sera compliqué de vous faire rembourser si vous avez acheté vos billets de train et d’avion séparément. En revanche les passagers ayant un billet train + vol proposé par le service TGV Air, pourront bénéficier de remboursements. Cette offre concernant 19 gares en régions et quelques compagnies aériennes comme Air France et Qatar Airways, avec leurs billets couplés.
Anticipez la grève : quelles alternatives pour vous déplacer ?
VTC et taxis
Évidemment ce sont les services de véhicule avec chauffeurs qui seront les plus prisés. En septembre à Paris lors de la dernière grève RATP, les commandes de VTC ont triplés pour tous les acteurs du secteur avec dans la foulée une envolée des prix. Certains clients se sont vus facturés plus de 100 euros pour leur traversée de la capitale. En effet, les algorithmes des plateformes s’appuient sur la loi de l’offre et de la demande, ainsi moins il y a de voitures disponibles et plus la course vous coûtera cher. Uber a déjà pris les devants auprès de ses 30 000 chauffeurs parisiens en assurant une prime exceptionnelle à tous ceux qui prendront la route, notamment pendant les heures de pointe. Ses concurrents français Heetch et Kapten appliqueront une majoration supérieure au prix de base, mais moins importante qu’Uber. Néanmoins, il est recommandé de réserver assez en avance pour éviter toute surfacturation. Les taxis quant à eux ne devraient pas augmenter leurs tarifs.
Le covoiturage
Plus pratiqué en régions, le covoiturage est aussi très populaire en cas de pénuries de trains. BlaBlaCar le champion du secteur du marché avait doublé son activité lors du dernier épisode de grève perlée en printemps 2018. Pour cet épisode, la date du 5 décembre annoncée en avance par les syndicats a permis à de nombreux usagers de réserver au plus vite leurs trajets. La régie des transports franciliens « Île-de-France Mobilités » va même jusqu’à soulager tous ceux qui voudront bien partager leur véhicule en remboursant les conducteurs à hauteur de 3 euros par trajet.
Les plateformes de covoiturages BlaBlaLines, Covoit’ici, Karos, Klaxit (RATP) et OuiHop’ (SNCF) se frottent les mains. Blablalines, prévoit une explosion de la demande avec un nombre d’inscriptions quotidiennes multiplié par 10. Vous aurez toujours la possibilité de réserver un véhicule sur les sites d’auto partage, ces plateformes qui permettent à des particuliers de mettre en location leur voiture le temps d’un trajet. Le leader européen Getaround offre jusqu’à 20 euros, soit quatre heures de route, aux nouveaux clients sur sa plateforme.
Autocars
Ça reste une des solutions les plus économiques, en revanche il faudra s’armer de patience, car les trajets durent deux fois plus longtemps qu’en TGV. Malgré cette contrainte, les deux principaux acteurs du marché Blablabus et Flixbus sont pris d’assaut par des voyageurs, décidés à faire leur voyage. Le premier enregistre une hausse de la demande de 65 % sur les axes qui relient Paris à l’ouest de la France tandis que le second voit le nombre de passagers augmenter de 70% par rapport à la même période l’année dernière. Les deux destinations les plus prisées sont Strasbourg, où se tient le marché de Noël, le nombre de réservations depuis paris a augmenté de 150%. Ensuite Lyon qui accueille l’édition 2019 de la Fête des Lumières du 5 au 8 décembre où cette hausse de demande de trajets atteint les 160%.
Scooters électriques
Une chose est sure, en ce jeudi noir une vague de scooters électriques déferlera sur la capitale. En septembre dernier déjà lors de la grève, le service de location Cityscoot réalisait sa meilleure journée de l’année. La start-up qui déploie 3500 véhicules électriques répartis dans la capitale et dans une dizaine de villes limitrophes s’attend au même résultat ce jeudi 5 décembre. La jeune pousse française a annoncé que tout son effectif serait mobilisé pour s’assurer que tous les scooters soient en bon état et bien chargés.
Trottinettes
Arthur-Louis Jacquier, Directeur Général de Lime Paris, l’opérateur de trottinettes le plus populaire confirme que “la totalité de la flotte a été utilisée” le jour de la dernière grève RATP. L’entreprise, qui dénombre 65 000 trajets par jour normalement, en a dénombré 90 000 le 13 septembre.
“On a prévu de maximiser la disponibilité de la flotte. Toutes nos équipes sont mobilisées, on a demandé à changer un peu les horaires pour que nos partenaires puissent se mobiliser dès la nuit pour récupérer et recharger un maximum de trottinettes. Les mécaniciens aussi sont spécialement mobilisés pour le surplus de réparations à venir. On a déjà commandé aussi des pièces détachées pour anticiper. Ça va être une expérience sociale inédite.” s’exclamait le Directeur Général de Lime Paris.
Vélos
Que ce soit en free-floating ou chez les enseignes spécialisées, les locations de vélos devraient aussi être prises d’assaut. Chez Véligo, l’un des services de locations de la région Ile-de-France, la communication confirme avoir noté “une anticipation de certains Franciliens avec une augmentation de 25% des souscriptions depuis deux semaines”. De manière globale, tous les loueurs de vélos sont certains qu’il s’agira d’une journée pleine.
La région Ile-de-France propose une réduction pour son service de location de vélos électriques. “Il faut aller souscrire sur le site Véligo Location, avec le code “veligodecembre“, il y aura un mois offert”, indique Laurent Probst, directeur général d’Ile-de-France Mobilités. Par ailleurs, la région offre une prime de 500 euros pour l’achat d’un vélo électrique.
Selon Fluctuo, start-up qui collecte les données des opérateurs de micro mobilités (scooters, vélos, trottinettes etc.) dans le détail et sur l’ensemble de la journée du 13 septembre, par rapport au vendredi précédent, les vélos classiques avaient connu une hausse d’utilisation de 137%, les vélos électriques de 53%, les trottinettes de 119%, et les scooters électriques de 30%. Ce jeudi noir tant redouté par les usagers s’annonce être comme une aubaine pour les opérateurs de mobilité.